Arrive, seule [libre]

Sous la fine pluie glacée, Dante faisait ses exercices comme chaque soir sur son balai. Il exécutait toutes sortes de figures, qu'il voulait de plus en plus audacieuses. Alors qu'il s'essayait à tenter un piqué droit vers le sol, il remarqua qu'une élève s'était démarquée de la foule du parc et s'approchait dans sa direction. L'espace d'une seconde, il essaya d'aperçevoir le blason de sa maison (peut-être était-ce une autre serpentard?), mais elle n'en portait plus. Lorsqu'il détacha son regard de la jeune fille, il était trop près du sol...

Il tenta de redresser le manche de son balai, et y arriva in extremis, ses pieds frôlant l'herbe du parc, sur la rive du lac. Il allait très vite, et se rapprochait à toute vitesse de la jeune fille, qui semblait ne pas l'avoir remarqué. Elle venait de s'allonger sous la pluie et regardait le ciel. Il immobilisa son balai à quelques centimètres d'elle, et poussa un soupir de soulagement.

Il descendit de son balai et dévisagea la jeune personne. Comme à son habitude, il était habillé de sa longue cape noire et masquait les traits de son visage. Il avait une allure intimidante dans cet ensemble sombre, et sous cette pluie battante, on aurait presque pu le prendre pour un mangemort, en beaucoup plus jeune.

Soupirant à nouveau à l'idée du choc qui aurait pu se produire s'il n'avait pas pu freiner, il se retourna vers son balai et commença à l'enfourcher de nouveau.

Il n'est pas prudent de rester ainsi immobile sous une pluie aussi froide, murmura-t-il d'une voix sombre, tu devrais rentrer te mettre au chaud.

Il était un peu énervé de sa propre stupidité, il aurait pu avoir un accident bête pour une simple erreur d'innatention. Il se tourna, prêt à reprendre son envol...

Lyria se releva brusquement, surprise d'entendre quelqu'un parler... Elle se croyait seule, et vit avec étonnement que ce n'était pas le cas. Elle se tourna vers le jeune homme, et le dévisagea. Sa longue cape lui donnait un air plutôt intimidant... Et contrastait violemment avec sa robe, en partie déchirée et couverte de boue... Ses cheveux collaient à son visage, imbibés de pluie, et paraissaient plus longs que jamais. Elle remarqua que le jeune... Serpentard, comme l'indiquait son blason, tenait un balai. Elle se demandait s'il aimait s'entraîner sous la pluie... C'était ce qu'elle préférait, mais ne dit rien. Voyant qu'il commençait à s'éloigner, elle dit, d'une voix ferme, essayant de dissimuler la raison de sa présence ici:

" Je n'ai pas froid... Et j n'ai rien à faire à l'interieur... "

Elle ne dit rien de plus, intimidée pour la première fois. Malgré tout, ses yeux dénotaient un intérêt grandissant. Qui était donc cet élève, seul sous la pluie, surtout avec un balai ?

Dante observa de nouveau la jeune fille. Il ne s'attendait pas à une réponse. Se retournant vers son interlocutrice, il murmura:

Tu ne semble pas avoir grand chose à faire ici non plus. Pourquoi une jeune fille qui ne porte pas même de blason se conduit-elle aussi imprudement un soir d'orage? Tu avais quelque chose à faire au lac?

Son ton était détaché et froid. Il montrait, et il s'en rendait maintenant compte, toutes les caractéristiques des élèves de Serpentard. Machinalement, il sortit sa baguette et commença à jouer avec celle-ci entre ses doigts.

Elle le regarda vivement, se disant que sa remarque pouvait très bien s'appliquer à lui aussi...

" Je n'ai plus de blason... Car je n'en veux plus !"

Repenser à la lettre de sa mère lui fit monter les larmes aux yeux, mais elle tenta de les ravaler, sans succès, et ajouta:
" Je n'ai plus de maison... Alors le seul endroit où je peux être... est le parc... qu'il pleuve, neige, ou quoi que ce soit..."

Elle ne baissa pas les yeux, le défiant... Elle savait que les Serpentards se considèraient comme supérieurs... et après tout, elle était fille de Serpentarde... Sa mère lui avait rappellé très gentiment quelques instants avant...

Intérieurement, Dante poussa un soupir... Il ne pouvait comprendre ce genre de sentiments. Il n'était pas vraiment porté sur les émotions...

Tu ne veux plus de ta maison...Souffla-t-il lentement, Pourquoi cela? Je n'ai pas trè bien compris le sens ni l'importance que pouvait avoir la répartition dans une ou l'autre des maisons, mis à part connaître l'endroit ou on va se coucher. Si j'ai bien compris, la maison dans laquelle nous sommes répartis reflète notre caractère, non? La renier, c'est renier son caractère, c'est se renier soi-même. Alors oui, si effectivement tu n'a aucune fierté vis-à-vis de toi-même, la meilleure solution serait de dormir dehors ce soir et quitter Poudlard demain. Ceux qui ne savent pa s'affirmer d'eux mêmes ne sont pas destinés à devenir des sorciers hors du commun. Si tu pense vraiment ça de toi, alors tu n'as rien à faire ici. Retirer ton blason est une insulte à ta maison, et à tous ceux qui la représentent. Si tu es à Serpentard, c'est aussi une insulte envers moi, même si j'accorde peu d'importance à ce genre de choses... Serais-tu à ce point incapable de te regarder en face?

Il était conscient de la dureté de ses paroles. Après tout, c'était ça, son véritable caractère. Parfois, une vérité difficile pouvait être plus efficace qu'un mensonge enjolivé...

En entendant ses paroles, elle éclata en sanglots, mais parvint quand même à dire:

" Ce n'est pas moi... peut m'importe ma maison... mais ma mère... a été à Serpentard... et elle a honte de moi... parce que je suis à Poufsouffle... Elle me reproche d'être le déshonneur de la famille... Et elle me demande de quitter Poudlard immédiatement... mais je ne peux pas... je me suis tellement battue pour venir ici... "

Elle leva la tête vers le jeune home, et le regarda dans les yeux, qu'elle ne voyait pas bien à cause de la cape. Elle se retourna brusquement et murmura:
" Excuse moi... Je n'ai pas à t'importuner avec tout ça..."

J'ai manqué de te renverser avec mes accrobaties aériennes, c'est la moindre des choses que de m'excuser et écouter ce que tu as à dire... Après tout, tu peux décider par toi-même de ce que tu as envie de faire.

Il se retourna vers son balai, droit et fier comme il l'était toujours. Il laissa la pluie lui fouetter le visage un moment, puis il prit une longue inspiration.

Si tu veux donner un sens à tes efforts et à tes sacrifices, alors donne le meilleur de toi-même et montre à ta mère que tu vaux beaucoup mieux que ce qu'elle peut penser de toi. Fais honneur à ta maison, et deviens une exellente élève, et une grande magicienne. Ce n'est que par des efforts constants et beaucoup de volonté qu'on devient quelqu'un et que les autres nous acceptent. Et si tu es à Pouffsouffle, tu as certainement déjà des amis, des personnes qui t'accepteront avant même que tu aies à faire tes preuves. C'est la maison la plus chaleureuse. Ne leur tourne pas le dos, et montre leur que tu vaux quelque chose. Montre-le à tout le monde. Rester là à pleurer est un perte de temps. Alors, que décides-tu?

Lyria ravala rapidement ses larmes, et murmura:
" Je vais y retourner... Peu importe... ma mère et ses idées d'honneur...
Merci de m'avoir ouvert les yeux... et de m'avoir écoutée..."

Elle leva les yeux vers lui, et, en le fixant, elle dit avec un sourire:

" Je suis Lyria Elypsos... "

Elle sourit à nouveau, sans vraiment savoir que dire de plus... Il ne l'intimidait plus vraiment, et il avait réussi à dire enquelques mots ce qu'elle avait besoin d'entendre... Malgré tout, l'ombre de sa mère pesait toujours sur elle... mais elle ne dit rien, se contentant de le dévisager.

Dante... Dante Valarev. Tu n'as pas à me remercier, je n'ai rien fait pour le mériter.

Avec un geste bref, il pointa sa baguette sur le blason arraché de la jeune fille, qu'elle avait laissé tomber sur le sol:

Wingardium Leviosa, murmura-t-il de sa voix grave.

Il fit léviter le morceau de tissu portant l'emblême des Pouffsouffles et le remis dans les mains de sa propriétaire...

Maintenant, rentre au château, souffla-t-il froidement. Cet univers sombre et glacé n'est pas pour toi. Ta place est auprès de tes amis, dans ta maison, au chaud.

Il évoquait ainsi le décors dans lequel les deux élèves se trouvaient à présent. Isolés, sous une pluie glacée et battante, sous un ciel noir comme l'ébène. Dante avait l'habitude de ce temps froid et dur, il aimait évoluer dans ces conditions. Mais la jeune fille qui répondait à présent au nom de Lyria semblait frigorifiée après être restée plusieurs minutes sous l'averse.

Tu ne devrais pas rester plus longtemps dans cet état...

Assis sur son balai, il commença à reculer lentement, son regard masqué sur sa capuche toujours fixé sur la jeune fille. Elle semblait douce, innocente, sensible. L'exact opposé de ce qu'il était au fond de lui...

Lyria lui sourit, puis dit:

" Enchantée, Dante... "

Elle prit ensuiote le blason, qui lévitait devant elle, et, d'un geste de la baguette, celui-ci retrouva sa place sur sa robe. Quand il parla de "l'univers sombre et glacé", elle sourit à nouveau, et dit:

" J'adore la pluie... Et je n'ai pas particulièrement froid... Et toi, tu ne rentres pas ? "

Elle rit doucement, s'approcha de lui, et, tout en essayant de débarasser sa robe de la boue qui la maculait, elle proposa à Dante:

" Tu veux aller faire un tour dans le parc ? Ou bien... on pêut aussi disputer un petit match..."

Elle avait dit ces dernier mot en fixant le balai du jeune homme... Elle n'avait plus volé depuis seulement deux jours, mais le Quidditch lui manquait déjà... Elle lui sourit à nouveau, attendant sa réponse

Dante fût surpris de voir la jeune fille lui parler de nouveau. Lorsqu'elle lui demanda: "Et toi, tu ne rentres pas ?", il esquissa un sourire sous sa cape. Il ne craignait pas le froid dans ce pays, et la pluie ne le génait pas. Il s'était toujours trouvé lui-même plus attirant lorsqu'il était trempé...^^

Je n'ai pas l'habitude d'avoir de la compagnie, murmura-t-il, je suis plutôt solitaire...

Alors qu'elle évoquait le quidditch, il lui répondit simplement:

Je n'aime pas le quidditch... C'est une perte de temps... Voler me suffit amplement. J'aime prendre des risques, même en balai.

Sans attendre de réponse de Lyria, il enfourcha son Nimbus et s'élança à toute vitesse dans le ciel noir au-dessus du lac, exécutant comme à son habitude des figures rapides et audacieuses. Allait-elle le rejoindre?

Elle sourit en le voyant s'envoler, et repéra rapidement une cabane pas très loin... Celle où étaient entreposés les balais de Quidditch. Elle murmura alors:

" Accio balai!"

Et, quelques instants plus tard, un balai arriva près d'elle, dans un sifflement aigu. Elle regarda la marque du balai... Un Nimbus 2000... Elle s'était attendu à trouver une antiquité dans la cabane, et fut agréablement surprise de voir que le balai était plutôt performant... Il était surement à un élève, et pas à l'école... Elle bondit dessus avec souplesse, le visage éclairé d'un large sourire, heureuse de retrouver enfin son élèment... Elle s'éleva rapidement dans les airs, et rejoint Dante, qui volait un peu plus loin. Elle lui sourit, et enchaina à son tour diverse figures. Elle était très douée en vol, et, habituée à voler depuis son enfance, elle était vraiment à l'aise. Elle passa à toute vitesse devant Dante, coupant son élan, sans cesser de sourire.

Dante observa les acrobaties de la jeune fille, immobile, sur son balai. Lorsqu'elle revint vers lui, souriante, il savait ce qu'il devait faire. Il commença par imitter, avec plus ou moins de difficultés, les figures les plus complexes qu'elle venait d'effectuer, bien qu'il n'en connaisse pas le nom, puis il prit de l'altitude et lança à la jeune fille:

Maintenant, essaie de suivre... Si tu le peux.

Il plongea vers le lac à une vitesse folle, puis remonta en chandelle et se lança à travers les arbres du parc. Il slallomait entre les branches, n'hésitant pas à se laisser griffer le visage par certaines d'entre elles pour rendre le parcours de Lyria encore plus difficile à suivre. Arrivait-il à la distancer? Il ne se retournait pas pour vérifier qu'elle le suivait toujours dans les frondaisons, et parcouru ainsi à toute vitesse plusieurs centaines de mètres en quelques secondes. Puis il ressortit du bosquet et retourna vers le lac en contournant les arbres. Il s'arrèta , plusieurs dizaines de mètres au-dessus de la surface et regarda le parc pour voir si la jeune fille l'avait suivi....

Lyria le suivit sans problèmes, presque couchée sur son balai. Elle slalomait avec une grande habilité, et la concentration se lisait à présent sur son visage...Elle le suivait de près, tout en évitant de le faire remarquer au jeune homme... Elle aurait pu toucher l'arrière de son balai en tendant simplement la main... Elle prenait garde de suivre parfaitement le sillage de Dante, de manière à ne casser aucune branche, et à rester silencieuse... Elle surgit alors de la forêt, frola l'eau du lac à son tour puis s'arrêta près du jeune Serpentard... Elle souriait, et dit:
" Surpris ? "

Elle reprit rapidement son souffle, les joues délicatement colorées à cause du froid ambiant

Lyria était toujours inconsciente sur le sol, légèrement réchauffée, mais toujours inconsciente. Elle resta de longues minutes évannouie,
et se réveilla enfin. Elle cligna plusieurs fois des yeux, essayant de savoir ce qui était arrivé... Elle se souvenait que Dante l'avait défiée,
et que, bien entendu, elle avait relevé son défi... Elle se souvenait aussi vaguement d'un froid intense, mordant... puis c'était le vide complet...
Elle relava légèrement le tête, et essaya de s'asseoir, mais elle n'avait pas récupéré assez de forces. Elle posa alors son regard interrogateur sur le jeune SErpentard, et murmura d'une voix faible:

" Merci... Dante..."

Dante se remis à genoux, le souffle toujours court après cette descente éprouvante. Sa cape le couvrait toujours totalement mais ses longs cheveux noirs, baissés vers le sol, ruisselaient des gouttes de pluie et de sueur qui macculaient son visage. Il tourna sa tête vers Lyria, et souffla lentement:

Je n'aurais pas dû te pousser à cette extrémité. Je suis désolé. Je pense que tu ferais mieux de rentrer maintenant, tu as eu assez d'émotions pour aujourd'hui. T'en sens-tu capable ou veux-tu que je te racompagne ?

Son ton était détaché et froid, mais masquait son état de fatigue. Il sentait tout son corps lui faire mal, ses poumons avaient subi une très forte pression sous la descente et l'effort qu'il avait fourni... Il réussit cependant à se remettre debout, et regarda Lyria, attendant qu'elle se remette...

Lyria s'assit tant bien que mal, encore faible. Elle savait qu'elle ne pourrait pas rentrer seule, mais ne voulait pas imposer sa présence à Dante... Il avait déjà fait suffisament pour elle, et de plus il n'avait pas vraiment l'air de l'apprécier...Elle essaya donc de se lever, en murmurant:

" Non, c'est bon... Je... je vais rentrer seule... ne t'inquiète pas pour moi..."

Elle n'avait pas encore tenté de marcher, trop chancelante pour le moment. Elle resta donc silencieuse et immobile, essayant de retrouver un semblant d'équilibre. Elle savait que si elle bougeait un pied, elle retomberait, mais sa fierté l'en empechait... Elle ne voulait pas que Dante la voit à nouveau faible...

Dante la regarda de ses yeux sombres, toujours debout, un peu chancelant. Il se retourna vers le ciel dans la direction depuis laquelle ils avaient fait leur chute. Il leva sa baguette et lança d'une voix forte:

Accio balai !

Quelques secondes plus tard, le balai que montait Lyria fendit l'air et vint se poster près de Dante. Se retournant vers la jeune fille, il passa son bras sous son épaule et la souleva pour la placer sur le balai, soutenant son dos pour qu'elle ne tombe pas en arrière.

Je t'amène jusqu'au hall, murmura-t-il, à moins que tu ne veuilles aller à l'infirmerie.

Il se comportait comme si il n'avait pas prété attention à la réponse de Lyria. Elle semblait très faible en cet instant, et c'était en partie sa faute à lui... Il commença à avancer en la soutenant, toujours assise sur le balai...

Elle fit non de la tête, et dit dans un souffle presque inaudible:

" Non... Dante.. c'est... c'est bon... je vais rentrer... seule... je ne veux pas... te déranger... plus longtemps..."

Elle ne voulait pas l'avouer, mais elle était en réalité rassurée qu'il la raccompagne... Elle n'aurait sûrement pas fait trois mètres qu'elle serait à nouveau tombée...
Elle frissonna, et s'appuya légerement sur le jeune homme, trop faible pour tenir seule. Elle se rappela alors ses paroles... aller à l'infirmerie... Elle ne pourrait pas... la mort de son oncle était encore trop récente... et tout à l'infirmerie lui rappellerait l'hôpital dans lequel il avait ètè attaqué, et tué. Elle murmura à nouveau:

" Je ne veux pas... aller... à l'in...infirmerie... je ne peux... pas y aller..."

Elle reposa sa tête contre Dante, et ferma les yeux