Il n'y a pas de hasards, il n'y a que des rendez-vous

Invité 18.08.09 11:57

La nuit avait été un peu courte pour Sacha. Il avait raccompagné le Poufsouffle gesticulant devant la porte de sa salle commune et lui avait fait comprendre que s’il recommençait son cinéma, il ne serait plus aussi gentil. Mettant fin au sortilège de mutisme qu’il lui avait lancé, il resta le temps de voir le garçonnet franchir la toile en grognant et rejoindre son dortoir.
Il avait alors rapidement fait le chemin en sens inverse vers Pré-au-Lard, serrant sa cape contre lui, non pas à cause du froid qui commençait à se faire sentir, mais à cause de l’odeur de Julia qui s’y était déposée. Il pensait déjà au lendemain soir, au moment où il la retrouverait. Il lui enverrait son patronus le matin pour l’inviter et il fermerait plus tôt le soir pour être tranquille. Cela dérangerait peut-être ses clients pour qui le vendredi était un jour un peu particulier mais il s’en moquait éperdument.
Quand il arriva enfin devant son pub, il jeta un coup d’œil à sa montre qui lui indiquait 23h15. Il avait passé si peu de temps avec Julia…

La nuit, donc, avait été un peu courte pour Sacha. Il se leva pourtant de bonne heure le lendemain, gardant ses vieilles habitudes et accueillit ses premiers clients, un sourire aux lèvres. Il attendit patiemment 9h, discutant et servant les personnes présentes, pour envoyer son patronus à Julia. Il imagina alors la tête que ferait Marvin, ce petit imbécile, s’il entendait l’invitation de Sacha. A 11 ans, il ne représentait pas un très grand rival pour lui.

La journée, contrairement à la nuit, semblait s’étirer comme si elle ne voulait pas se terminer. C’était la première fois depuis bien des années que Sacha s’impatientait et il décida de fermer encore plus tôt qu’il ne l’avait prévu la veille. C’est ainsi qu’à 19h30 précise, tout le monde fut mis à la porte et que Sacha s’acquitta de ses tâches (nettoyage du pub, des verres, rangement des chaises etc.) avec une rapidité jamais vu. Il remonta chez lui et se planta devant sa garde-robe avec un mince sourire. Il n’avait pas demandé à Julia de "s’habiller" pour cette soirée. Le restaurant dans lequel il voulait l’emmener n’était pas du genre chic mais il n’allait tout de même pas y aller avec une tenue de tous les jours.
Choisissant avec soin ses vêtements et sa robe de sorcier, il se rendit compte qu’il n’était que 19h40 et qu’il ne mettait que 5 minutes pour atteindre les grilles du château où il avait donné rendez-vous à Julia à 20h. Il commença à faire les cent pas dans sa chambre, ses cheveux longs lui battant les joues. Dans un geste un peu tremblant, il les attacha pour qu’ils cessent de le gêner. Il était fébrile, comme s’il avait 14 ans et qu’il allait avoir son tout premier rendez-vous avec une fille.

Après avoir consulté sa montre toutes les minutes, ou presque, il décida de partir. Il marcherait plus lentement sur le chemin, c’est tout. Mais il arriva tout de même avec dix bonnes minutes d’avance. Le haut portail semblait le narguer. Il crut entendre un bruit, sur sa droite, mais il ne vit personne. Toute son attention était portée sur le château d’où une silhouette devait en sortir.
A nouveau il ressortit sa montre. Elle indiquait 19h56. Arriverait-il à tenir encore 4 minutes ? Il lui semblait qu’il allait se liquéfier sur place quand il aperçut une lumière au niveau des grandes portes. Avait-il bien vu ou était-ce son imagination ? Il ne faisait pourtant pas si sombre… L’excitation monta en lui quand il put enfin distinguer Julia qui semblait marcher à grands pas.

Dans un instant, il pourrait la serrer contre lui, la tenir dans ses bras et sentir son odeur, qui ne l’avait pas quittée la veille. Il pourrait embrasser ses lèvres, caresser ses cheveux et sa peau. Son sourire s’élargit à la perspective de passer une soirée entière avec la femme qu’il aimait et pas une seule des sombres pensées qu’il avait eues quelques minutes auparavant (Marvin accroché à la robe de Julia en criant, Harris la poursuivant pour qu’elle s’occupe des papiers donc il ne voyait pas l’utilité, Annih Troy exigeant une réunion pour parler d’un élève difficile…) ne put lui retirer.