Doesn't matter the consequences [PV Sacha]

Comme tout les soirs depuis maintenant quatre mois – depuis le décès de son père, Albus Dumbledore, plus précisément – Julia répétait le même geste. Inlassablement. Il doit être dans les 21h quand la Directrice rentre dans son nouveau bureau, ouvre un tiroir de son armoire et en sort une bouteille de Chardonnay de grande qualité. Ou de whisky. Cela dépendait de son envie – mais quelle envie ? Boire n’était pas un plaisir pour elle, c’était un besoin. Vital. Sans cela, sans cette bouteille, elle n’était plus qu’une loque en mal-être indescriptible. En y repensant, avec ou sans cette bouteille, elle n'était plus qu'une loque. Plus aucun sentiment, si ce n’est du dégoût. De ce monde. De toute cette merde. Plus aucune joie de vivre. Plus de force. Julia, plus de force ? Etait-ce possible ? Tout le monde la croyait courageuse, solide, mais son esprit combatif l'avait quitté depuis bien longtemps… elle lâchait tout simplement prise. Elle se laissait tout simplement aller – et peut-être était-ce ce qu’elle avait toujours rêvé, au plus profond d’elle-même. Peut-être n’avait-elle jamais désiré être solide et combattante, peut-être avait-elle toujours souhaité se foutre en l’air…

Cependant, ce soir-là, tout ne se passa pas comme d’habitude. Il était bien 21h lorsque Julia rentra dans son bureau et ouvrit un tiroir pour en sortir une bouteille de vodka. Vide. La professeur eut un haut-le-cœur, ses yeux s’embuèrent, sa tête tourna, tout devint flou. Soudain, elle se ressaisit. Elle n’allait pas se mettre dans des états pareils pour ça ! Elle ricana, sarcastique, en se disant que les alcooliques étaient comme ça, le manque de boisson leur faisait tourner la tête. Mais ce n’était pas son cas, n’est-ce pas ? Non, Julia se fichait de manquer d’alcool. Elle n’en avait pas besoin. C’était juste un plaisir qu’elle s’offrait tous les soirs, ça n’avait rien d’une addiction.

Elle donna un grand coup de pied dans son bureau qui lui fit tirer une grimace de douleur. Inutile de se mentir. Elle en avait besoin. Terriblement besoin. Sans réfléchir, et en l’espace d’une seconde, la Directrice empoigna son sac à main et disparut dans les couloirs, ayant l’intention bien précise de se rendre aux Trois Balais. Et qu’importe si on la voyait, qu’importent si les rumeurs se confirmaient, qu’importent les moqueries ou les regards pleins de pitié qu’elle aurait à subir : plus rien n’avait n’importance. Il lui fallait boire. Ayant pris le passage secret de la Sorcière borgne, elle arriva rapidement au lieu où tout Pré-au-lard aimait se rendre afin de partager un bon moment. Julia savait qu’elle ne passerait pas un bon moment, et pourtant elle s’obligeait quand même à s’y rendre. Sacré paradoxe.

Lorsque la professeur poussa la porte, un joli tintement retentit, infime son au milieu du brouhaha qui régnait dans le pub. Elle espéra qu’ainsi, avec tout ces gens et tout ce bruit, on ne la remarquerait pas. Erreur. A peine avait-elle avancé d’un pas qu’elle sentit de lourds regards se poser sur elle, parfois dégoûtés, parfois compatissants… le calvaire commençait, elle aurait pu l’éviter et pourtant, elle avait préféré s’y enfoncer.

C’est la tête haute que Julia se dirigea vers le comptoir des Trois Balais, fière. Après tout, quelle importance ? Ces gens peinés, ces gens catastrophés, ces gens qui se préoccupaient tant du sort de la Directrice de Poudlard, elle ne les connaissait pas, et c’était sûrement mieux ainsi. Sans jeter un seul regard vers ces inconnus, elle préféra le tourner vers cet homme, Sacha Ciryatan, qu’elle pouvait appeler son « sauveur » car c’est lui qui allait lui donner de quoi la revigorer, n’est-ce pas ? Les yeux plongés dans ceux de cet homme à l’aura si mystérieux, son cœur fit un bond. Un bond furtif, soudain, qui s’éloigna aussi vite qu’il était venu. Un bond qui n’avait pas de quoi inquiéter qui que ce soit. La professeur, dans l’état où elle était, ne s’en préoccupa pas le moins du monde, et pourtant…

Revenons-en à nos moutons. C’est à l’instant précis où elle allait le saluer et commander de quoi la remettre d’aplomb qu’il parla. D’une voix forte et troublée. Car cet homme masquait tant bien que mal un certain gêne. Une personne qui ne s’attarderait pas sur ce genre de détails ne le remarquerait absolument pas, mais Julia, qui avait l’habitude d’observer l’attitude des gens, leur comportement, leurs réactions, le vit distinctement. Mais ce détail s’effaça bien vite de sa mémoire, car les mots qu’il avait prononcés venaient d’atteindre son cerveau, la faisant presque vaciller sous le choc.

On ferme ! Vous pouvez toujours emporter votre verre et me le rendre plus tard.

Qui ça, « on » ? L’ex-Poufsouffle ouvrit la bouche, la referma, ne sachant que répondre. Emporter un verre (un seul ?) et vagabonder seule dans les rues de Pré-au-lard n’était pas une perspective qui l’enchantait, loin de là. Fermement décidée à passer la soirée dans ce pub, elle se convainc qu’elle pouvait bien « négocier » avec ce Sacha, après tout, ils avaient été ensemble à Poudlard il y a de cela bien des années. Bien sûr, ils n’avaient pas été amis, à peine s’étaient-ils échangés quelques mots, mais chacun connaissait l’autre sans vraiment le connaître.

Mais… il est 21h30. Vous n’allez tout de même pas fermer à cette heure ? C’est absurde.

Julia entendit des bruits de chaise, quelques clients s’avancèrent vers Sacha pour payer leur note ou le saluer, avant de rejoindre d’autres personnes. Toutes s’apprêtaient à sortir du pub, non sans grognements qui ne masquaient pas leur déception. Presque affolée, elle se rendit bientôt compte qu’ils n’étaient plus qu’une vingtaine, voire une dizaine. Julia surenchérit, elle était décidée à rester ici le plus longtemps possible, et elle ne lâcherait pas prise. Sa lutte était stupide, si le gérant des Trois Balais voulait fermer tôt, grand bien lui fasse, elle n’avait rien à dire.

Oh… je cherchais simplement une oreille attentive et de quoi me rafraîchir, mais apparemment, c’est trop demander à ce pub.

C'était assez étrange de critiquer le pub le plus apprécié de toute la Grande-Bretagne, l'accueil tout comme l'ambiance et la boisson étaient parfaits, et Julia le savait très bien. Seulement, ayant l’intention bien précise de faire réagir Sacha, elle avait prononcé ces mots assez froidement, avant de se lever, empoignant le sac qu’elle avait posé quelques minutes auparavant. Elle allait quitter l’établissement lorsqu’elle obtint enfin l’effet escompté…

Soudain, alors qu’elle s’apprêtait à pousser la porte des Trois Balais, elle sentit une pression sur son bras droit qui la fit se retourner brusquement. Alors, paralysée, incapable de tout mouvement, ses yeux replongèrent dans ceux de Sacha. La noirceur de son regard la submergea entièrement, elle ne savait plus où donner de la tête. C’est au moment où elle allait se dégager de la prise du gérant qu’il prononça ces quelques mots qui la déstabilisèrent complètement.

Ton neutre. Visage figé. La main gauche de Sacha toujours sur son bras droit, Julia ne sut comment réagir. A dire vrai, elle ne comprenait pas s‘il plaisantait, s’il jouait un rôle ou s’il était plus sérieux que jamais. Trêve de questions qui la plongeaient dans une confusion totale ; elle avait obtenu ce qu’elle voulait : rester dans ce pub. Et malgré sa panique naissante, elle osa un sourire satisfait.

Sacha l’entraîna vers une table et la fit s’asseoir, le plus naturellement du monde. Rassurée, elle allait commander une vodka mais l’homme ne lui laissa pas le temps de dire ni de tenter quoique ce soit : il sortit un verre qu’il remplit de… jus de groseille. Julia laissa échapper un hoquet de surprise. C’était sa boisson préférée ! Bien sûr, celle-ci ne la faisait pas planer ni oublier quoique ce soit, mais son goût était, pour la Directrice tout du moins, unique. Il paraissait inconcevable qu’il ait pu deviner ses préférences, cela devait être une coïncidence, un heureux hasard, et pourtant… elle prononça un merci timide avant d’engager la discussion, un peu maladroitement. Car cet homme qui paraissait si mystérieux, si hors norme, la mettait dans tous ses états. En y repensant, Julia devait être rouge comme une tomate, Sacha à ses côtés. Et cela ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps…

C’est, heu… le jus de groseille est ma boisson préférée. Merci… d’avoir fait cette exception.

La professeur trempa ses lèvres dans le liquide rougeâtre avant de continuer, les yeux humides – pourquoi était-elle au bord des larmes en face d’un inconnu ? Elle se sentait stupide. Et dans la confusion la plus totale, elle déversa un flot de paroles qu’elle retenait en elle depuis trop longtemps.

Vous vous demandez probablement pourquoi la « nouvelle Directrice de Poudlard » désire passer sa soirée dans un pub plutôt que de profiter de son grade et de sa notoriété croissante, n’est-ce pas ? Ce n’est pas si simple… les gens sont dégoûtés ou compatissants face à ma déchéance, oui car on peut appeler ça une déchéance, mais je ne veux ni de leurs rictus méprisants, ni de leurs regards pleins de peine. Ils ne comprennent pas… mon fils est mort par ma faute, mon mari, et maintenant mon père… comment veulent-ils que je reste forte face à tout cet enchaînement d’évènements qui me détruisent… à croire que je suis née pour porter le lourd fardeau de ces décès jusqu'à ma propre mort… je n’ai plus de famille si ce n’est Val, le peu d’amis qu’il me reste m’évitent parce que je noie mon chagrin dans l’alcool, mais qu’est-ce que je pouvais faire d’autre à votre avis, hein ? Que croient-ils ? Que je vais encaisser toute cette merde sans rien dire, sans rien faire ? C’est pourtant ce que j’ai fait jusqu’au jour où… jusqu’au jour où tout éclate, parce qu’on ne peut plus contenir sa peine… contenir sa douleur et...

Un sanglot resta coincé dans sa gorge – elle avait honte de se comporter ainsi devant cet homme, honte qu’il la voit ainsi, dans cet état… mais il suffisait que Julia relève la tête et plonge ses yeux dans ceux de Sacha pour qu’elle sente une parcelle d’espoir subsister au fond d’elle, une parcelle d’espoir qui au fur et à mesure du temps qu'elle passait à ses côtés grandissait… une larme coula le long de sa joue qu'elle essuya d'un geste brusque de la main.

Je suis désolée de vous imposer ça… oubliez ce que j’ai dit, c’est stupide, vous en avez sans doute rien à faire, et c’est compréhensible – qui s’intéresse aux états d’âme d’une instit’ ? Vous aviez raison, j’aurais mieux fait de m’en aller. Excusez-moi pour le dérangement…

Sacha adoptait un visage toujours aussi neutre, impassible. Comme si rien ne pouvait le déstabiliser, et certainement pas le discours sombre d’un professeur en mal de vivre. Comme s’il s’imprégnait de ses mots sans en laisser aucun ne s’échapper. Vous ne me dérangez pas. Jamais. Il prononça ces dires sans gêne, comme on parle de la pluie ou du beau temps, et pourtant ils étaient emplis d’une certaine gravité. Ils venaient du fond du cœur. Julia en eut les larmes aux yeux. Oh, mon Dieu, quelle idiote elle faisait ! A la moindre attention, au moindre geste, mot de Sacha adressé à la directrice, celle-ci les attrapait, et les enfermait dans son cœur, non pas pour l’emprisonner, au contraire. Mais pour le délivrer de sa douleur. Et cela marchait ! En un instant, le poids qu’elle contenait en elle s’allégea.. un peu.

Puis il enchaîna les mots et surtout les boutades, comme un adolescent se rendant compte de ce qu’il avait laissé échappé. Et je ne me demande pas pourquoi vous venez ici. Je suis sûr que mon charme y est pour quelque chose. Cet homme osait tenter une plaisanterie devant l’appel au secours de Julia ! D’abord surprise, puis troublée, elle pensa finalement que ce n’était pas plus mal car un visage figé, ou pire, malheureux l’aurait effondré… et puis, il n’avait pas vraiment tort. Son charme y faisait pour beaucoup. Elle aurait pris ses jambes à son cou depuis longtemps si elle s’était retrouvée face à un affreux gros plein de bière ! Et dire que c’est ce qu’elle était au jour d’aujourd’hui !

Son attention atteignit son apogée lorsque Sacha entama un discours. On pourrait croire qu’il débitait le même à tous ses clients désespérés, et peut-être que – même attentif à leurs problèmes - c’est ce qu’il faisait la plupart du temps, mais Julia sentit que cette fois-ci, c’était différent. Comme s’il lui accordait le privilège de s’intéresser très particulièrement à son cas et de coller des mots soigneusement choisis, ajustés à la perfection, sur la vérité, sur sa vérité. Sur ce qu’elle vivait. Alors que ce discours aurait du lui monter les larmes aux yeux, elle en ressortit plus vivante. Il avait raison. Tellement raison ! Alors qu’elle, avait tout faux, depuis le début. Il n’avait fallu que quelques minutes à cet inconnu pour exprimer une réalité qu’elle-même avait soigneusement enfoui depuis des mois. Julia laissa échapper un petit rire, le premier depuis longtemps. Puis elle se sentit stupide, dévastée par l’immensité de son erreur. Mais cette sensation repartit aussi vite qu’elle était venue lorsque Julia plongea ses yeux dans ceux de Sacha.

Je ne sais tellement pas quoi dire.. vous.. vous avez juste tellement raison ! puis elle ajouta plus doucement

Vos mots m’apaisent alors que je devrais me sentir à côté de la plaque.. et je le suis, je l’ai été trop de temps ! Comment ai-je pu croire que je pouvais m’en sortir sans aide.. et l’alcool est loin, très loin d’être une aide. Mais, qui m’apporterait de la compassion, à présent que je ne suis plus rien qu’une bête de foire qu’on regarde sans trop oser, mais sans masquer non plus un rictus de dégoût ? Je suis seule, Sacha.. je ne me suis jamais sentie aussi seule...

Ses lèvres tremblaient, mais face à l’humour de son jeune sauveur, elle ne voulut pas paraître trop dramatique, bien que sa situation l’était, elle. Mais comme aucune vanne ne lui vint à l’esprit dans ce triste moment, elle se contenta – même si ce n’était pas rien – d’un immense sourire qui, étrangement, ne sonnait pas faux, bien au contraire. Il était sincère et à ce moment-là, je crois qu’elle parut plus belle et ravissante que jamais, depuis sa descente aux enfers dans ce poison qu’est l’alcool. Il se passait quelque chose d’étrange entre ces deux êtres, d’inhabituel. Je ne parle pas d’amour, car ils ne se connaissaient que très peu, bien que Julia ait accompli l’exploit de déballer tout ce qu’elle ressentait à ce quasi-inconnu. Ce quelque chose était indéfinissable. Mais, ce qui était sûr, c’était que ce lien entre eux était très fort, indescriptible mais si limpide pourtant pour qui sait regarder..

Julia ne savait plus où donner de la tête. Une phrase, plus particulièrement, l’avait déstabilisée à un tel point que pendant un moment, elle n’osa plus adresser la parole au barman. Ces quelques mots… étaient-ils pensés, ou juste emplis de pitié et de mensonge ? La Directrice ne pensait pas que ce fut le genre de Sacha, mais au fond qu’en savait-elle ? Pourquoi penserait-elle du bien d’un homme qu’elle ne connaissait pas ? C’était fou, ce pouvait être n’importe qui. Un abruti comme un manipulateur. Bien qu’il n’en avait vraiment pas l’air… mais Julia avait appris à se méfier des apparences en 40 ans d’existence. Pourtant, il y avait ce lien. Ce lien qui les unissait et ne les avait pas quitté depuis l’entrée de la « jeune » femme dans l’auberge. Un lien, un contact psychique et physique si fort, comme une évidence. Et une évidence ne peut pas mentir.

La Professeur ne sut que répondre à la proposition de Sacha qui la tentait fortement mais lui laissait tout de même le goût amer de l’appréhension dans la bouche. Ce dernier dut se contenter d’un merci balbutié assez pitoyablement. C’était dingue. Julia avait très rarement été plongé dans une confusion extrême au cours de sa vie, et voilà qu’une simple conversation – bien qu’intime – avec un barman lui faisait perdre tous ses moyens. Elle ne comprenait pas, ou tout du moins ne voulait pas comprendre. Enfouir au fond de son être la plus belle chose qui pouvait lui arriver depuis des mois, n’était-ce pas stupide ? Elle s’efforça de ne pas y penser. Mon Dieu, quelle pré adolescente idiote elle faisait…

La remarque du jeune homme la fit sourire. Un simple barman… comme si Julia avait besoin de choisir de hauts dirigeants comme amis pour se sentir bien ! C’était très loin de la vérité. Au contraire, c’est avec des personnes humaines, simples mais néanmoins intelligentes que la jeune femme aimait s’entourer. La fonction de son nouvel ami lui importait très peu, tandis que ses paroles lui apportaient plus que n’importe quel discours de politicien. Et puis, barman lui allait plutôt bien. Ca ne le rendait que plus séduisant… Arg, tais-toi, cerveau, tais-toi ! Avec un faux air indigné, ne pouvant quitter un sourire des lèvres, elle prit enfin la parole, émue.

Pour qui me prenez-vous ! Vous ne savez pas… tout le bien que vous me faites. Merci, infiniment.

A ce moment-là, Julia se sentit gênée. Elle ne connaissait rien des intentions de Sacha et ne pouvait se permettre d’avancer de tels propos, bien que ces dernières paraissaient bonnes. Elle se leva soudainement, un léger vertige la prit mais elle se ressaisit vite. Elle dit, toujours en bablbutiant

Je… je devrais y aller. C’est très gentil à vous, mais je ne veux pas vous dérangez plus. J’ai assez usé de votre sympathie et de votre humour. Au revoir…

C’est comme ça que cela arriva. Elle ne sut même pas comment tellement tout se passa à une allure folle. Son cœur lui envoya des signes qui, avant même qu’ils n’atteignent son cerveau, la firent se pencher et poser ses lèvres sur celles de Sacha. Ce n’était pas un fougueux baiser de cinéma, au contraire ; ça n’avait rien de sexuel, c’était comme une preuve de reconnaissance extrême qui ne cachait toutefois pas une attirance incroyable. C’était à la fois doux, sucré et… très court. Lorsque Julia se rendit compte de son erreur – mais en était-ce une ? – elle fit une grimace angoissée. Ce n’était pas du regret, du moins elle ne le croyait pas… juste une profonde peur. Tout était lié à cet homme, son présent était constitué essentiellement de son image… mais son avenir ? Elle tourna soudainement les talons, ne pouvant plus supporter le regard du barman qui exprimait trop de sentiments à la fois, sentiments que la Directrice n’arrivait pas à déchiffrer.

Et pourtant, Julia entendit distinctement les paroles de Sacha. Dans un premier temps, elle ne les comprit pas et ne s'arrêta pas sur sa lancée - trop mal-à-l'aise, elle ne voulait que s'en aller loin, très loin de ce pub. Puis les mots atteignirent son cerveau et au pas de la porte, elle stoppa net quelques secondes, une ou deux, pas plus. Le temps qu'il fallait pour que tout ses pensée s'embrouillent, se mélangent, et créent la confusion la plus totale. La Directrice voulut rejoindre le barman et l'embrasser encore une fois - car ces mots, ces quelques mots, voulaient bien dire que ça ne l'avait pas déplu, n'est-ce pas ? Qu'il voulait aller plus loin ? Qu'en savait-elle ? Et face aux tourment de son esprit, Julia ne se retourna pas, bien au contraire : elle prit la fuite. Chose qu'elle avait peu l'habitude de faire. Mais en présence de cet homme, rien n'était plus pareil. Elle savait simplement que son cœur battait très, très vite, qu'elle fut prise d'une bouffée de chaleur et que toute la nuit durant, elle y repensa. Bien qu'au réveil, elle ne fut pas plus avancer qu'au moment où elle s'enfonçait dans la chaude nuit d'été afin de rejoindre Poudlard.

Deux heures plus tard, elle s'envola pour deux semaines de vacances - et aussi pour raisons professionnelles, tout de même ! - à Rome, en Italie. En espérant y voir plus clair... si c'était possible ?