Paradis Terrestre (Libre à tous)

Cassandra avait pleuré toutes les larmes de son corps, seule sur le canapé pourtant confortable du cachot des Poufsouffles. Les perles salées avaient roulé sur ses joues avant de se jeter sur le papier, comme une vague de nostalgie rejoignant un océan de tristesse. Tout les élèves de sa maison avaient cours à cette heure-ci, du moins c’est ce qu’elle croyait, aussi était-elle seule face à sa détresse. Terriblement seule.

Dans un élan de ressaisissement à peine perceptible, la jeune Préfète laissa lourdement tomber la photo d’elle et de son frère dans son sac avant de se lever avec peine. Elle s’était promis de ne plus pleurer, elle s’était promis d’être forte – car c’est ce que son frère aurait voulu. Il faut croire qu’elle n’était même pas capable de respecter la volonté de celui-ci, il faut croire qu’elle était vraiment trop faible, lâche… OH. Trêve de lamentations, s’apitoyer sur son sort ne l’avancerait à rien – ce qu’il fallait qu’elle fasse, c’était se changer les idées. Exactement ! Se changer les idées, passer à autre chose, ne serait-ce quelques instants ! Pour cela, elle ne voyait qu’un seul endroit à Poudlard où cela était possible : la Salle sur demande.

D’un rapide geste du bras, Cassandra essuya les larmes qui lui restaient au coin des yeux avec sa manche avant de porter son sac dans le dortoir – et tant pis si elle arrivait en retard au cours de Métamorphose qui devait débuter dans une demi-heure. Elle descendit les escaliers, et sans montrer le moindre doute, se dirigea d’un pas rapide vers le 7ème étage. Arrivée là-bas, elle découvrit la porte entrouverte. Trouvant cela étrange, elle hésita à rebrousser chemin mais elle était trop curieuse pour exécuter ce que lui dictait la prudence, préférant exécuter ce que prônait son cœur. Cassandra se faufila dans l’entrebâillement de la porte, préférant ne pas faire de bruit et resta scotchée sur place lorsqu’elle découvrit ce qui se trouvait devant ses yeux. Une forêt immense avec un aura ensorcelant, des cocotiers tropicaux trônés par de grands oiseaux au plumage de milles couleurs, elle n’en croyait pas ses yeux. Tout cela paraissait irréel tellement c’était magique. Une fée vint se poser délicatement sur son épaule, Cassandra sursauta, surprise, mais ne fit rien de plus. Ebahie par la beauté stupéfiante du paysage, la jeune Poufsouffle n’avait pas remarqué qu’une élève de la même maison fût déjà présente. Lorsqu’elle l’aperçut, elle sursauta une nouvelle fois avant de bégayer quelques mots incompréhensibles, plutôt gênée de l’intrusion qu’elle venait de commettre dans la salle sur demande – peut-être que Lenne Esposito, car c’est comme ça qu’elle s’appelait, voulait être seule, tout comme Cassandra quelques minutes plus tôt dans la salle commune ?

Oh, excuse-moi… je suis rentrée sans même savoir si j’en avais le droit… je suis désolée, je vais repartir si tu le souhaites…

Cassandra aurait voulu lui dire que ce qu’avait crée Lenne était magnifique, mais la jeune Préfète ne connaissait pas le caractère de son interlocutrice et ne préférait pas prendre le risque de se mettre quelqu’un à dos – de plus, elle était trop gênée et timide pour dire cela, qui était pourtant tout simplement ce qu’elle ressentait du plus profond de son âme.

Lenne s’avancant vers Cassandra d’un pas décidé, cette dernière tenta de se dégager mais la peur qui la figeait l’en empêcha – tant mieux, car si ce n’avait pas été le cas, elle serait passée pour une véritable petite idiote : Mlle Esposito n’avait point l’intention d’engager le combat, bien au contraire, elle posa ses deux mains sur les épaules de la préfète pour lui témoigner sa sympathie et son amitié. Cassandra se sentit terriblement confuse et gênée. Seule une personne vive et généreuse pouvait créer un endroit aussi magnifique, elle avait été stupide de s’angoisser. Son interlocutrice était quelqu’un de bien, cela ne faisait aucun doute.

Les paroles que celle-ci adressa à la jeune Préfète la réconfortèrent dans son opinion. Cassandra n’osa pas un sourire, même timide, mais ses yeux reflétaient clairement l’infini respect qu’elle accordait à Lenne. Les yeux mi-clos, face à l’incroyable beauté de ce paysage, la Poufsouffle réussit enfin à poser des mots, après tout ce temps, sur ce qu’elle ressentait au plus profond d’elle.

Si tu savais combien le passé m'est précieux, que les routes que l'on a tracées ensemble sont visibles sur la paume de ma main, que tes yeux n'avaient pas de couleur mais que c'était celle que je préférais. Si tu savais que je pouvais lire ton prénom dans les étoiles, dans une ondine ou une vapeur, dans le noir ou une fleur. Si tu savais que dans tes yeux le monde était plus beau. Si tu savais que de toi, je n'attendais rien de plus que ta présence. Si tu savais que j'avais plus besoin de tes bras que d'un toit. Si tu savais que sans toi le ciel n'avait plus de couleur, les fleurs plus de senteurs, les épices plus de saveur. Si tu savais que j'attendais encore que ce soit toi qui me réveille le matin. Si tu avais su... tu aurais peut-être pu trouver la force de combattre cette bête sauvage qui t’a ôté la vie, grand frère.

Cette soudaine avalanche de pensées la déstabilisa, mais pas au point de n’avoir rien entendu des mots de Lenne. Cassandra décida de se ressaisir, elle n’était plus seule dans la Salle Commune, elle était en face de quelqu’un à qui elle pouvait parler, et c’était un bien beau cadeau : car Cassy n’avait pas vraiment d’amies, si ce n’est quelques connaissances, et cela lui manquait terriblement. Il faut dire qu’elle était bien trop timide pour oser faire le premier pas et engager la discution. Heureusement, mlle Esposito avait l’air très à l’aise et cela l’aida beaucoup à prononcer ces quelques furtifs mots :

Merci… oh, je te comprends. Moi non plus, je n’ai pas beaucoup d’amis, il faut dire que je suis tellement timide… enfin, tu as du le remarquer. Je ne me suis pas enfuie en courant face à toi, c’est déjà une bonne chose.

Elle laissa échapper un petit rire avant de continuer

Mais je peux tout de même t’aider si tu le souhaites. En tant que préfète, je connais tout le monde et je peux te présenter à des filles qui me paraissent sympas. C’est comme tu veux.

En l’espace d’une seconde, la tristesse avait disparu des yeux de Cassandra pour laisser place à un enjouement spontané. Ne soyez pas si surpris : les sautes d’humeur de la jeune Poufsouffle étaient bien connues. Des sautes d’humeur que personne ne comprenait, et que personne ne cherchait à comprendre, ce qui ne faisait que l’aider un peu plus à se refermer sur elle-même. Face à la mine inquiète de Lenne, elle la rassura immédiatement :

Oh non, ce n’est pas grave… ce n’est rien, ne t’en fais pas. Je repensais juste à de bons moments passés qui me rendaient nostalgiques.

Et pour lui prouver que tout allait bien, mlle Diggory adressa à sa nouvelle amie, si l’on peut dire, son tout premier sourire.

HS : Je suis désolée, désolée, désolééée du retard ! Avec mes examens, les activités extra-scolaires, etc. je n'ai pas trouvé le temps de te répondre - et puis, je manquais un peu d'inspiration. Mais maintenant que ce sont les vacances, ça va aller mieux .